Revendications politiques

Foodsharing Luxembourg se tient à disposition de tous pour apporter son aide au long du processus de rédaction d’un texte de loi à partir des revendications suivantes, en s’appuyant sur son expérience pratique.

Revendications

1. Baisse obligatoire des prix sur les produits alimentaires juste avant la date de durabilité minimale et la date limite d’utilisation optimale

Nous demandons l’introduction de l’obligation, dans le commerce de gros et de détail, de proposer des marchandises à prix réduit d’au moins 30% au plus tard 3 jours avant la date de durabilité minimale ou la date limite de consommation. Certaines entreprises alimentaires, comme Match [1] ou Naturata [2], le font déjà volontairement avec succès, mais toutes ne le proposent pas encore. Le délai avant la date peut être adapté en fonction du type de produit, par exemple pour les produits frais à faible durée de conservation. Ici, l’approche de la date est à indiquer.

2. Obligation de donner les aliments encore consommables

Nous demandons que le commerce de gros, de détail et en ligne ainsi que les entreprises de production et de transformation des aliments soient tenus de donner à des tiers l’entièreté des marchandises qu’ils ne peuvent plus vendre, mais qui ne présentent pas encore de traces de détérioration.

Cela inclut les denrées alimentaires dont la date de durabilité minimale est dépassée, étant donné que cette date n’implique pas qu’elles soient impropres à la consommation. Sont exclus les aliments dont la date limite de consommation est dépassée.

Cette mesure est déjà appliquée en France depuis 2016 [3]. Il est possible de tirer des enseignements des points faibles de la législation française.

Ceci implique une interdiction de jeter ces aliments encore consommables. En cas de violation, des pénalités  par infraction doivent être appliquées. Les allègements fiscaux ne sont pas recommandés, car ils pourraient, dans certaines circonstances, inciter les entreprises alimentaires à acheter davantage si la détérioration de la marchandise n’entraîne plus de perte financière.

Les tiers destinataires des dons peuvent être des particuliers, des collaborateurs, des organisations d’utilité publique ou des entreprises. Les tiers qui destinent des denrées alimentaires à la consommation humaine doivent être privilégiés. Viennent ensuite la consommation animale, la valorisation, le recyclage… en respectant une certaine hiérarchie – La prévention est ici la première priorité, suivie de la consommation humaine puis animale, puis seulement d’autres possibilités d’utilisation comme la transformation, le compostage et la production d’énergie [4]. Celle-ci est également recommandée par la plate-forme de l’UE sur les pertes et le gaspillage alimentaires. [5]

L’incinération et le déversement de déchets alimentaires dans la nature doivent être interdits, comme le demande également l’ONG Feedback EU. [6]

3. Introduction de la sécurité juridique pour la récupération des aliments encore consommables

Nous demandons une simplification du partage des aliments afin de gagner du temps, car ces aliments doivent être consommés le plus rapidement possible [7].  

  • Les entreprises donatrices doivent être exonérées de toute responsabilité en cas de don de denrées alimentaires, comme c’est le cas en Italie par exemple.
  • Les organisations donatrices doivent être exonérées de toute responsabilité en cas de don en toute bonne foi, de manipulation soigneuse et de communication ouverte, comme c’est le cas en Italie [8]. Elles doivent être traitées différemment des entreprises alimentaires commerciales dans la législation.

4. Promouvoir davantage la campagne Antigaspi

L’excellent travail de la campagne Antigaspi [9] du ministère de l’Agriculture doit être développé. Étant donné que le gaspillage est majoritairement le fait des ménages privés (72 %) [10] et que 91 % des ménages ont eux-mêmes déclaré dans un récent sondage ILRES [11] qu’ils jetaient régulièrement de la nourriture, il est important d’informer et de thématiser en détail le problème et ses solutions. Cela inclut l’appréciation des aliments, la distinction entre la date de durabilité minimale et la date limite de consommation, ainsi que des conseils sur la manière de réduire le gaspillage alimentaire au quotidien. C’est surtout la distinction entre les deux dates qu’il est important de connaître. Ainsi, lors de l’enquête ILRES [12], les trois quarts des sondés confondaient la définition de la date limite de consommation avec celle de la date de durabilité minimale.

Il faut surtout y parvenir en augmentant l’implication dans toutes les classes d’âge. En outre, des campagnes annuelles à l’occasion de la “Journée internationale de sensibilisation à la perte et au gaspillage alimentaires”, le 29 septembre, doivent rappeler aux consommateurs le thème et les solutions par une présence médiatique importante.

En outre, 84% des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête ILRES 2022 sont favorables à une sensibilisation accrue de la population au gaspillage alimentaire [13].

Cela implique pour nous une sensibilisation contre la forte standardisation des produits alimentaires dans le commerce.

5. Intervenir au niveau de l’UE pour la suppression de la date de durabilité minimale

Nous demandons la suppression de la date de durabilité minimale pour d’autres groupes de produits, voire pour tous. Ainsi, de nombreux produits, comme les pâtes, l’huile et le thé, se conservent très longtemps s’ils sont stockés correctement. Les produits déjà exclus de la législation européenne, comme le sel de table, le sucre et le vinaigre [14], se voient malgré tout souvent attribuer une DLC par le fabricant. Une étude commandée par le magazine Greenpeace [15] confirme que la date de durabilité minimale n’a pas grand-chose à voir avec la date réelle de péremption des produits. L’existence de deux dates contribue également à la confusion.

Dans l’enquête ILRES 2022 [16], 75% des personnes interrogées ont confondu la date de durabilité minimale et la date limite de consommation.

En outre, une uniformisation de l’application des deux dates à l’échelle de l’UE contribuerait à harmoniser les différentes applications actuelles des producteurs de denrées alimentaires.

6. Introduction d’un monitoring public des pertes et du gaspillage alimentaires pour toutes les entreprises alimentaires

Nous demandons l’introduction d’une définition claire ainsi qu’une obligation de recensement et de documentation des pertes et gaspillages alimentaires, dans le cadre de laquelle tous les déchets jetés par l’agriculture, l’industrie, le commerce et la restauration sont recensés. Les aliments qui ne sont pas récoltés et ceux qui sont récoltés mais qui ne quittent jamais la ferme doivent également être pris en compte.
Pour le suivi, les données, ainsi que leur équivalent en gaz à effet de serre, doivent être mis à la disposition pour la recherche et les clients de manière transparente.

Les données obtenues permettront d’évaluer plus systématiquement et plus rapidement l’efficacité des futures mesures.

Un suivi obligatoire est également recommandé par la plateforme européenne sur les pertes et gaspillages alimentaires. [17]

7. Soutenir financièrement les projets visant à sauver de la nourriture

Nous demandons un soutien financier pour toutes les initiatives et associations qui ont pour but de réduire les pertes ou le gaspillage alimentaire. La hiérarchie des déchets alimentaires devrait à nouveau être appliquée ici et la prévention devrait primer sur les autres possibilités d’utilisation. [18]

  • Les exploitations agricoles doivent être soutenues dans la réduction de leurs pertes alimentaires. Cela implique la recherche et l’implication directe dans le développement de produits innovants, mais aussi la création de marchés pour les aliments sauvés. Cela est également recommandé par la plateforme européenne sur les pertes et le gaspillage alimentaires. [19]
  • Les start-ups innovantes dans ce domaine doivent être soutenues, par exemple le commerce de détail qui se spécialise dans les aliments issus de la surproduction ou dans les légumes à l’aspect inhabituel. Pour ce faire, une enveloppe financière spécifique doit être mise à disposition, par exemple pour les start-ups.
  • Le développement de nouveaux produits basés sur les déchets alimentaires doit également être soutenu financièrement pour les petites et moyennes entreprises, afin qu’elles puissent organiser leurs processus de manière plus efficace et rentable. Cela est également recommandé par la plateforme européenne sur les pertes et le gaspillage alimentaires. [20]
  • Les initiatives bénévoles et les associations doivent être soutenues afin qu’elles puissent créer suffisamment d’emplois en fonction de leur taille pour respecter les normes d’hygiène alimentaire, qui impliquent une bureaucratie considérable.

En outre, 62% des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête ILRES 2022 [21] sont d’accord pour dire que les technologies numériques peuvent contribuer à réduire le gaspillage alimentaire.

8. Introduction d’un objectif juridiquement contraignant de réduction des déchets alimentaires

Nous demandons un objectif juridiquement contraignant de réduction des pertes et gaspillages alimentaires de 50% d’ici 2030 à toutes les étapes de la production, afin d’ancrer dans la loi l’engagement du Luxembourg en faveur de l’Objectif de développement durable (ODD) 12.3 et de fournir ainsi les ressources nécessaires à ce changement.

Des objectifs spécifiques au secteur et contraignants doivent être fixés pour réduire progressivement les déchets alimentaires tout au long de la chaîne de valeur.

Nous soutenons la recommandation de 2019 de la plateforme européenne sur les pertes et le gaspillage alimentaires, selon laquelle l’UE doit se fixer comme objectif de réduire le gaspillage alimentaire de 50% d’ici 2030 [22]. En 2022, l’ONG Feedback EU a réitéré cette demande [23]. Le Luxembourg devrait introduire cette recommandation au niveau national et faire figure de pionnier.

Par exemple, une obligation pour les entreprises de restauration et les cantines de mettre en œuvre au moins deux mesures parmi le catalogue de pratiques simples suivant :

  • Encourager les précommandes par des réductions
  • Proposer des plats de différentes tailles
  • Proposer des échantillons de plats
  • Retirer les buffets à volonté de l’offre
  • Indiquer les gaz à effet de serre de chaque plat

9. Intégrer la réduction des pertes et du gaspillage alimentaires dans les mesures de lutte contre le changement climatique

Étant donné que la réduction des pertes et du gaspillage alimentaires est essentielle pour atténuer la crise climatique, la réduction des pertes et du gaspillage alimentaires doit être intégrée dans les programmes de lutte contre le changement climatique. Ceci est également recommandé par la plateforme européenne sur les pertes et gaspillage alimentaires [24] et est visible dans les propositions du Conseil luxembourgeois des citoyens pour le climat [25].

Sources

[1] “Food bag” sachet avec produits d’une valeur de 12 EUR pour 5 EUR, intitulé “Le food bag c’est bon !” : https://www.supermarche-match.lu/planet-match
[2] Réduction de 30%, sous la rubrique “Que fait NATURATA pour réduire le gaspillage alimentaire?” : https://www.naturata.lu/fr/faqs
[3]  “French Food Waste Law Changing How Grocery Stores Approach Excess Food”: https://www.npr.org/sections/thesalt/2018/02/24/586579455/french-food-waste-law-changing-how-grocery-stores-approach-excess-food
[4]  Graphique “Practical application of the waste hierarchy for food” https://food.ec.europa.eu/safety/food-waste/eu-actions-against-food-waste/food-waste-measurement_en
[5]  “Recommendations for Action in Food Waste Prevention – Developed by the EU Platform on Food Losses and Food Waste”, 2019, page 13: https://food.ec.europa.eu/system/files_de?file=2021-05/fs_eu-actions_action_platform_key-rcmnd_en.pdf
[6]  “No Time to Waste – Why the EU needs to adopt ambitious legally binding food waste reduction targets”, 2022, page 29: https://feedbackglobal.org/wp-content/uploads/2022/09/Feedback-EU-2022-No-Time-To-Waste-report.pdf
[7]  “Regelungen gegen Lebensmittelverschwendung in ausgewählten Ländern.” Wissenschaftliche Dienste, Deutscher Bundestag, 2019, page 12-18: https://www.bundestag.de/resource/blob/648932/7c64ad8483b3e289ce6896fc36198be0/WD-5-046-19-pdf-data.pdf
[8]  Voir note  7
[9]  Site web de Antigaspi : https://antigaspi.lu/
[10]  Etude “Aufkommen, Behandlung und Vermeidung von Lebensmittelabfällen im Großherzogtum Luxemburg “: https://environnement.public.lu/dam-assets/documents/offall_a_ressourcen/gaspillage-alimentaire/studie-lebensmittelabfaelle.pdf
[11]  Sondage ILRES sur le gaspillage au Luxembourg, septembre 2022 : https://antigaspi.lu/activities/antigaspi-emfro/
[12] Voir note précédente
[13] Voir note 11
[14] “Verordnung des Bundesministers für Gesundheit, Sport und Konsumentenschutz über die Kennzeichnung von verpackten Lebensmitteln.” : https://cdn.netletter.at/imkerbund/media/download/2015.09.08/1441702709460210.pdf?d=LM_Kennzeichnungs_VO&dc=1441702709
[15] Dernier article d´une serie au sujet de la tenue en conservation d´aliments du magazine Greenpeace : https://www.greenpeace-magazin.de/leseecke/das-haelt-sich-ja-ewig
[16] Sondage ILRES sur le gaspillage au Luxembourg, septembre 2022 : https://antigaspi.lu/activities/antigaspi-emfro/
[17] “Recommendations for Action in Food Waste Prevention – Developed by the EU Platform on Food Losses and Food Waste”, 2019,pages 7, 12 et 17: https://food.ec.europa.eu/system/files_de?file=2021-05/fs_eu-actions_action_platform_key-rcmnd_en.pdf
[18] Voir note 4
[19] Voir note 17, page 11
[20] Voir note 17, page 13
[21] Sondage ILRES sur le gaspillage au Luxembourg, septembre 2022 :  https://antigaspi.lu/activities/antigaspi-emfro/
[22] “Recommendations for Action in Food Waste Prevention – Developed by the EU Platform on Food Losses and Food Waste”, 2019, page 6 : https://food.ec.europa.eu/system/files_de?file=2021-05/fs_eu-actions_action_platform_key-rcmnd_en.pdf
[23] Rapport “No Time to Waste – Why the EU needs to adopt ambitious legally binding food waste reduction targets” : https://feedbackglobal.org/wp-content/uploads/2022/09/Feedback-EU-2022-No-Time-To-Waste-report.pdf
[24] “Recommendations for Action in Food Waste Prevention – Developed by the EU Platform on Food Losses and Food Waste”, 2019, page 6 : https://food.ec.europa.eu/system/files_de?file=2021-05/fs_eu-actions_action_platform_key-rcmnd_en.pdf
[25] Demandes contre le gaspillage dans le rapport final du Conseil luxembourgeois des citoyens pour le climat, 2022, page 18 à 19 : https://www.klima-biergerrot.lu/_files/ugd/dcac1d_5bb495b5584b4618815bb5fd8d9ad66d.pdf

Version 19.02.2023

Recommandations de mise en œuvre supplémentaires

Nous attirons avant tout l’attention sur le document détaillé
« Recommendations for Action in Food Waste Prevention – Developed by the EU Platform on Food Losses and Food Waste (document en anglais) » du 12 décembre 2019.


Vous pouvez également télécharger nos demandes au format PDF.

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